J. RENÉ VILATTE, DISCIPLE DU PÈRE CHINIQUY:
SON APOSTOLAT DANS LA
SOCIÉTÉ MISSIONNAIRE CANADIENNE-FRANÇAISE (SMCF)

Serge A. Thériault, Ph.D., D.Th.

1840 Fondation de la Société Missionnaire canadienne-française (SMCF) par des pasteurs et fidèles de diverses églises (méthodiste, presbytérienne). Son mandat: "La Société emploiera des pasteurs, des instituteurs et des vendeurs dont la langue maternelle est le français. Elle envisage l'établissement et le maintien d'écoles et de lieux de culte, et la diffusion des Saintes Écritures" (art. 1 de la Constitution de la SMCF).1

1876 Le Père Charles Chiniquy, organisateur de l'Église catholique-chrétienne à Sainte-Anne, Illinois (1858)2, est l'âme dirigeante de l'oeuvre à Montréal. Il avait eu ses premiers rapports avec la SMCF en 1870 (il était venu de Sainte-Anne, faire une campagne d'évangélisation de six mois à Montréal). J. René Vilatte, un enseignant lié aux Frères des Écoles chrétiennes (qui l'ont élevé à Paris), va l'entendre prêcher à l'Église libre de la rue Côté, où se trouve une de leurs maisons. L'accompagne le Frère Zoël-James, é.c. (Jean-Baptiste Gauthier), plus tard cofondateur, avec lui, de la Société du Précieux-Sang de Jésus (S.P.S.).

Travaillé par l'évangile de grâce prêché par le Père Chiniquy, il s'engage dans l'uvre du colportage biblique sous l'égide de l'Église méthodiste française de la rue Craig (coin Sainte-Élisabeth) à Montréal. Cette uvre était associée à l'Église méthodiste à cause du Révérend Halpeny, qui en avait été le directeur pour tout le Québec. De cette époque datent les rapports de Vilatte avec le Révérend Louis Beaudry, qui le fera entrer au service de la SMCF.

1878 Il étudie le latin et la philosophie au Collège de Saint-Laurent, Québec. Selon Élie Vanier, professeur au collège, il maîtrisait bien son français et possédait un bon jugement Il était un bon chanteur et aimait monter sur les planches. Sa consuite était bonne. Il était charmant comme personne, sociable, entouré d'amis, pieux et respectueux des autres. Il accomplissait ses tâches avec régularité3

1881 Au service de la SMCF, il enseigne les arts d'expression (théâtre et mise en scène) à l'Institut de la Pointe-aux-Trembles pendant la session d'hiver.4 "En accord avec son mandat d'évangélisation, une des premières entreprises de la SMCF fut de fonder des écoles (dont l'Institut de Pointe-aux-Trembles: une école mixte - rare à l'époque - avec toutes les commodités modernes, y compris l'électricité)".5 Ensuite à l'Église-école Saint-Jean de Saint-Hyacinthe, il aide le Révérend E.D. Pelletier, puis va étudier en vue du ministère à l'Université McGill (French Theology Department - Presbyterian College).6 Cours pris: études bibliques et homilétique, apologétique et rhétorique sacrée, histoire de l'Église avec le Prof Daniel Coussirat, B.A., B.D.7 Parmi ses confrères on compte: Joseph Morin (futur gendre du Père Chiniquy), A.P. Blouin, C. et V. Groulx, R. Laprise, Z. Lefebvre, H.O. Loiselle, J. Martel, J.C. Martin, G.A. Pelletier, S. Rondeau, P.E. Saint-Germain

1882 Recruté par le Révérend Thomas Côté8, missionnaire au Massachusetts (Église congrégationnaliste française de Lowell), il va à Fall River (MA), assister le Révérend M. Buck à l'Église de la rue Pleasant. Dans l'Aurore, édition du 3 août 1882, le Révérend Côté écrit: "M. René Vilatte travaille (ici) depuis quelques mois et y est hautement estimé Notre jeune missionnaire de Fall River a montré un courage, une énergie et une piété dignes d'éloge. Il a travaillé au milieu de beaucoup de difficultés et de privations. Sans comité responsable, sans salaire, il ne pensait jamais au lendemain, se rappelant qu'à chaque jour suffit sa peine. Plusieurs familles, par son moyen, ont accepté l'évangile de grâce J'ai vu couler des larmes sur les joues de ces nouveaux convertis"

On lit ailleurs, dans L'Aurore, sur la même période:

Dans l'édition du 19 octobre 1882, on lit encore: "René Vilatte, qui a passé quelques mois à Fall River, parmi les Canadiens-français, est revenu à Montréal à la fin du mois dernier, dans le but de continuer ses études au Collège Presbytérien. Il est remplacé par L. Lafond".

1883 À la fin de mars, les cours étant terminés au Collège Presbytérien, il retourne servir l'Église congrégationnaliste française, cette fois à New York. Ensuite, à l'été, il séjourne à Sainte-Anne, Illinois, près du Père Chiniquy. Il fait une retraite à Bourbonnais, chez les Clercs de Saint-Viateur et se lit d'amitié avec le Père John Styles, c.s.v., qui se joindra à lui (1885).

1884 Recommandé par le Père Chiniquy, pour les missions françaises du Wisconsin. Il est affecté à Green Bay: Église du Calvaire, rue Doty (entre Adams et Jefferson. Il vient après le Révérend J.B. Muraire et obtient son mandat pastoral le 9 avril, du Presbytère de Winnebago. Il est ordonné au saint ministère à Green Bay le 15 juillet. Sont impliqués dans la cérémonie: Rév. D.L. Banks d'Appleton (sermon), A.A. Rogers de Fort Howard (charge to the people), L.F. Chapin de Neenab (charge to the pastor) et L.E. Bacon d'Oshkosh (prière d'ordination). Le Père Chiniquy effectue, en octobre, une tournée de prédication au Wisconsin et facilite son ministère.12 À l'automne, l'Église libre française des comtés de Brown, Door et Kewaunee, alignée sur les catholiques-chrétiens français et suisses, lui demande de prendre la direction de sa pastorale. Le Père Chiniquy le réfère, dans ce but, au réformateur français Hyacinthe Loyson, qui le fait ordonner prêtre à Berne (1885.06.07), par l'Église catholique-chrétienne de la Suisse. Il fonde, à Gardner, avec J.B. Gauthier, la Société du Précieux-Sang de Jésus (S.P.S.). Des missions sont établies, sous son égide, au Wisconsin (Gardner, Duval, Walhain) et au Canada (Île Saint-Joseph, Ontario; Maskinongé et Montréal, Québec). Elles forment bientôt un diocèse, doté d'un évêque (1892) par le Patriarche d'Antioche (Ignace-Pierre III), en la personne de J. René Vilatte.

1885 L'Aurore de Montréal, édition du 23 février, exprime ses regrets qu'il quitte l'uvre des missions évangéliques françaises (SMCF) et indique comment il avait su se faire apprécier dans son ministère.

Notes